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Gilles F. Jobin
Gilles F. Jobin

Gilles F. Jobin est né en 1948 à Boncourt (Jura). Il vit à Delémont.

Défend la solidarité et la justice sociale contre l’exploitation des humains. Curieux de théâtre, musique, peinture et autres expressions artistiques. Lectures musicales. Les textes de « Jouer dans le noir » ont été écrits entre 2006 et 2011.


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Les dernières parutions de Gilles F. Jobin :
Gilles F. Jobin - Malgré la nuit

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Je me suis pris les pieds dans les mots. Eparpillés dans tous les coins. Sens dessus dessous. En marchant sur mouche et valise a surgi un équidé au galop. Un amas de lettres dans les parages. Je ne savais plus à quoi raccrocher ce main qui restait étalé, là presque sans force. Au début, à la fin de ce qui n’avait plus de forme. Des fragments avaient peut-être filé sous le tapis. J’ai failli tomber dans un tas de voyelles. Bien décidées à vivre leur vie toutes seules. Des syllabes résistaient à se remettre en ordre. Que dire de ce morceau d’alphabet, ces cinq caractères, a c e n r, dont je ne trouvais plus comment les arranger. Plus je me faufilais dans ce fouillis, plus me gagnait le trouble, l’incertain, l’indéchiffrable. À la limite de l’indicible et de l’illisible. Et à qui appartenait tout ce qui gisait par terre…

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Gilles F. Jobin - Au temps de l’amour inquiet

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Les mots ne nous parlent qu’à mots couverts écrit Gilles F. Jobin* qui aime jouer avec eux. Plus que de raison ? Il ne faut pas s’y tromper : sous leur couverture bien tirée les mots nous chuchotent des choses moins obscures qu’il n’y paraît.
Il suffit de dresser l’oreille. Derrière l’obsession de la forme et les vertiges de la langue, comme un précipité de sens. Mais déjà Gilles F. Jobin nous prend par cette oreille. Il joue et déjoue. Il nous entourloupe.
Pris au jeu, on voudrait voir comment c’est fait. Par quels tours de passe-passe nous sommes entraînés. A travers des phrases faussement lisses qui nous rendront voyeurs déçus ? Mondes interlopes, chambres secrètes où végètent, se débrouillent et tentent d’aimer les paumés de la terre. Sous la froideur feinte du constat filtre une compassion pudique ; peut-être même cet amour inquiet que le titre évoque mystérieusement ?
Plans de cinéma, instantanés jaunis, amorces de romans et coupures de presse déclinent avec laconisme les désastres intimes ou planétaires, les sourdes menaces, les faits divers banalement quotidiens. Il est mort dimanche. Douze lignes dans le journal.
Si Au temps de l’amour inquiet suggère une époque (lointaine, réelle ou fantasmée), l’auteur use avec malice d’un autre temps, celui de la grammaire qu’il bouscule (à dessein) pour mieux nous égarer entre imparfait, passé simple et présent, donnant aux textes une troublante profondeur. Où le lecteur aimera se pencher pour boire.

Gilles F. Jobin - Jouer dans le noir

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Des textes courts, un par page, de mille signes environ. Fictions plutôt que proses poétiques.
L’intrigue de ces romans brefs n’a pas de cailloux blancs. Est-on dans un voyage ou un cauchemar ? Un fait divers, une scène de rue ou de théâtre ? Dans une nouvelle de Jean Rhys ? Vous croyez lire un rêve obscur et vous vous retrouvez dans les rouges et ors d’une bataille peinte au Quattrocento.
Chaque histoire a sa voix, son registre singulier. Sous la langue les sons s’entrechoquent. Les mots dessinent de frémissantes images. Un fil se casse, un autre nous emberlificote, nous entraîne dans un jeu de contraintes subtiles. Glissements de sens, ellipses, raccourcis, la surface ouvragée résiste. Reflets, remous, réfractions, l’auteur veut qu’elle gagne en illisibilité ! S’il parvient à brouiller l’eau du texte, c’est pour mieux nous jeter dans le trouble. La beauté joueuse de son écriture laissera des traces, l’énigme restera ouverte:

N’oublie pas, je me souviens, ne tombe pas, j’écrirai, ne te retourne pas. A la fin du film le roi s’était noyé.

(Claire Krähenbühl, Editions Samizdat)

Note critique:
Avec Jouer dans le noir, Gilles F. Jobin propose quant à lui des textes plus sombres, empreints d'un désarroi discret. Il y raconte des histoires fragiles d'êtres humains un peu perdus, malhabiles. Ces histoires se densifient au point de devenir des petites proses poétiques d'une sobriété efficace, émouvante. (Françoise Delorme, source : viceversalitterature.ch)